ENVERS ET CONTRE LES POIREAUX (2)

" Endives, endives, mes très chères endives, dit le citron, un peu de silence, je vous prie. Un peu de silence. J'ai dit : un peu de silence !

- La ferme !

- Pourquoi tu n'as pas fait passer un prisonnier d'abord ?

- On court au désastre !

- Le matériel est trop lourd !

- Pourquoi ne pas nous avoir dit que c'était aussi loin ?

- On veut savoir combien d'engrais ça va nous rapporte !

- J'veux pas y aller ! non, j'veux pas y aller !

- Hum hum, émit le citron décontenancé. Un peu de silence, je vous prie. L'heure est grave !

- Hou ! hou !

- Bo-ring ! Bo-ring !

- Tu nous l'as déjà faite !

- On en a marre des promesses !

- Tu vas servir de prisonnier à la place des prisonniers !

Le ton montait rapidement. Le citron était dans de sales draps. C'était midi lorsque les deux endives qui étaient restées en éclaireurs firent leur apparition dans le virage. ELLES PORTAIENT DES TRACES DE BOUILLI !

" Au secours ! Au secours ! crièrent-elles de loin. Les poireaux arrivent ! il y en a plus que la terre ne peut portéééargh ! ". Et elles s'écroulèrent subitement. Elles venaient à leur tour de tester l'invention mortifère des poireaux qui en était encore à ses balbutiements à cette époque et fut interdite bien plus tard en 3002 par la Convention des légumes. Un sifflement strident retentit.

" Sauve qui peut ! " crièrent les endives et elles refluèrent frénétiquement. Il y eut un claquement sec, le gros bruit d'une douche qui dessala toute la botte.

" Je rince le premier qui se casse jusqu'à ce qu'il en crève ! tonna l'endive aux cicatrices. Camarades, de l'avant ! de l'avant ! Battez-vous, nom de Dieu, à dix contre un s'il le faut ! Souvenez-vous d'Alexandre de Macédoine !

- Ouais, ouais, cria quelqu'un .

- Tout ça, c'est des mots !

- Non, il a raison !

- Vite, camarades, reformez les rangs ! coupa l'endive aux cicatrices.

- Et moi ? hasarda le citron.

- Toi, tu gardes les prisonniers. Tu en réponds sur ton cartilage !

l'armée des poireaux et la cocotte-minute

La colonne se reforma en un clin d'oeil. Il était temps. Déjà, l'avant-garde des poireaux apparaissait, poussant une cocotte-minute sifflante sur des rondins de bois incandescents. Une cabine blindée avait été installée sur la poignée et il en partait comme des rênes qui allaient jusqu'à la soupape.







les sauvages poireaux

Derrière cette première ligne apparut bientôt une seconde ligne armée de fourchettes, une troisième armée de couteaux, des poireaux bardés de scotch, avec des tubes de ventoline et des sauterelles en laisse, une quatrième ligne et une cinquième, et toute une armée hirsute de sauvages poireaux assoiffés de jus. Ils mangent leurs enfants. Ils sont hideux et qui plus est, gavés d'engrais ! Les endives vont avoir bien du mal à en réchapper. D'autant que les poireaux s'apprêtent à leur faire tâter de leur invention. Leur but : éradiquer d'un seul coup les endives de la surface d'Obraino-Sat afin d'avoir la paix.

Je serais vous, je ne manquerais pas le prochain épisode pour tout l'or du monde. A moins que vous ne puissiez répondre à quelques questions comme : les poireaux vont-ils arriver à détruire les endives ? Comment ? Quel sort sera réservé à Tony et à Sandy ? Eux qui rêvaient de se marier ! Le citron pourra-t-il regagner sa position sociale ? Ce balafré lui a un peu damé le pion. Comment se fait-il que les endives parlent. Etc. Etc.

Vers "La minute-cocotte"